Le Paradoxe de Fermi - Jean-Pierre Boudine
Lunes d'encre // 2014 // 192p
Lunes d'encre // 2014 // 192p
2029, seul dans une grotte au cœur des Alpes, perché à 2000m d'altitude, Robert Poinsot nous livre par écrit ses souvenirs et impressions sur la fin du monde. Il fait le récit d'un effondrement prévisible auquel personne ne croyait, il partage sa vision des événements, dernier témoignage d'un monde civilisé révolu.
Raconté sous forme de journal, le roman enchaine les court chapitres, alternant entre deux lignes temporelle. La première, situé dans le présent de l'auteur nous éclaire sur ses moyens de subsistance, son projet de mémoires, ses états d'âme actuels.
La seconde, démarre quelques années plus tôt et va nous conter l'effondrement de la civilisation. D'une vision plutôt globale au début, le point de vue va finir par se resserrer de plus en plus au fur et à mesure de la contraction des moyens de communication.
Tout part d'une énième crise économique, pareil à celle de 1929 ou celle de 2007. Sauf que cette fois, tout un tas de petite problèmes politiques, sociaux et écologiques un peu partout dans le monde vont s'accumuler et contribuer à tout faire dérailler. D'une goutte de trop c'est tout le vase de la civilisation qui va déborder et se briser. Avec un style très froid et analytique, à la limite (parfois franchie) de l'essai, Jean-Pierre Boudine va décrire tout cette ensemble de manière très réaliste. Le récit, excessivement pessimiste, peut parfois paraitre exagéré et mettre à mal la suspension d'incrédulité, mais n'est-ce pas justement ce refus de voir le monde tel qu'il est, cette perplexité naïve qui serait la première responsable d'un tel effondrement ?
Vers la fin du roman, enfin, le titre trouve son sens lorsqu'une solution au paradoxe est énoncée, débattue. Et lorsque l'on se rend compte que tout le reste du roman ne sert que d'appui à la démonstration, c'est là que le roman peine à convaincre. Il est difficile d'accepter une réponse aussi sombre et désespérante à la question de la vie extraterrestre ou même destin aussi inéluctable pour notre espèce.
Court et concis, très analytique et peu romanesque, Le Paradoxe de Fermi propose une intéressante aventure spéculative, un anticipation scientifique et sociale du devenir prochain de notre espèce. Si le chemin est agréable, la destination, à savoir la résolution du paradoxe de Fermi manque d’intérêt. Il reste tout de même une lecture un lecture fascinante, suffisamment courte pour ne pas s'ennuyer et passer un bon moment de réflexion.
Fait intéressant, il s'avère que ce roman est l'actualisation d'une première version sortie à l'origine en 2002, l'auteur ayant décidé de le réécrire pour prendre en compte les évènements de ces dernières années. Si l’exercice est intéressant, on peut se poser la question de la pertinence d'un roman ayant besoin d'être réécrit tout les 10 ans.
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Participation N°10 |
30.1.15