Provenance - Ann Leckie

Provenance - Ann Leckie
J'ai lu (Nouveaux Millénaires) // 2018 (2017vo) // 418p

Après avoir lu tout récemment La Tour du Freux, l'incursion d'Ann Leckie en fantasy, retour dans le Radch, ou plutôt ses abords puisque Provenance se passe à peu près en même temps que la fin de la trilogie de l'Ancillaire mais hors des frontières du Radch, cet empire galactique totalitaires et expansioniste.

On se retrouve avec ce tome indépendant dans une histoire plus resséré aux implications locales pour quelques système et qui mélange avec beaucoup de succès intrigues politiques, reflexions culturelles et histoire familiale personnelle.

On va suivre dans ce récit Ingray Aughskold, qui pour prouver sa valeur à sa mère et aussi mettre dans l'embarras son frère, favoris dans la course à l'héritage du nom familial, va décider de plus ou moins faire sortir de prison un criminel de renom.

Évidemment, rien ne va se passer comme prévu et Ingray va se retrouver mêler à une querelle familiale, un gros risque d'incident diplomatique extraterrestre, un meurtre, une prise d'otage et un intrigue amoureuse.

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Je crois que l'une des choses que j'ai le plus aimé dans ce roman c'est la manière dont une grande partie de l'intrigue se base sur un élément culturel primordial pour Hwaé, le monde d'Ingray, les vestiges, et la manière dont c'est un élément complètement ridicule quand on se pose deux minutes pour y réfléchir. Et d'ailleurs c'est un point qui est complètement adressé.

Les vestiges ce sont des témoignages du passé, souvent sous forme écrite, parfois sous forme d'autre type d'objet, et de nombreux Hwaéen les collectionnent et tire du prestige, voir du pouvoir politique de la possession de ces reliques. Cela peut aller d'un saladier à choux à un ticket d'entrée d'un musée daté du jour d'un évènement capital.

Ce qui est fascinant c'est comment tout va tourner autour du vol de certains vestiges censé donner un grand prestige à une certaine famille et autour de leur authenticité.

Pour tous les non Hwaéen, on apprend que ces histoires de vestiges apparaissent comme ridicules, sont souvent moqués et même que leur falsification est fortement documenté et connus et c'est totalement ignoré par les Hwaéen.

Ce que cela dit de l'importance des rituels culturels pour les sociétés et de la manière dont cela peu paraître absurde quand on est extérieur à ces dites sociétés et vraiment très malin car l'autrice aborde le sujet avec énormément de sérieux et nous place dans les deux points de vues, permettant de comprendre ce que l'on peut ressentir d'un côté ou de l'autre. C'est fait comme souvent avec Ann Leckie avec beaucoup de finesse.

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Un autre élément que j'ai beaucoup aimé c'est le personnage d'Ingray. Elle a été adoptée par la famille Aughskold, tout comme son frère et rival, mais à sa différence, elle vient d'un crèche public là où lui venait avant d'une famille. Avec ce simple élément, Ann Leckie se permet d'aborder des structures familiale qui sortent de l'ordinaire.

Ingray de par son parcours et sa mise en compétition permanente avec son frère manque beaucoup de confiance en elle, semble assez angoissée et est loin des héroïnes d'action, mais c'est une jeune femme passionnante, complexe, compétente, intelligente et courageuse et toute cette aventure va lui permettre de s'affirmer, se dévoiler et montrer ce dont elle est capable.

Son parcours est touchant, elle est souvent surprenante et régulièrement admirable. Elle est aussi drôle avec son apparente naïveté.

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Si la trilogie de l'Ancillaire avait faire parler d'elle en France pour un choix de traduction audacieux afin de rendre l'absence de distinction de genre dans l'empire du Radch, ici on se retrouve globalement avec un langage plus habituel. Globalement oui mais pas complètement puisque fidèle à ses habitudes, l'autrice joue encore avec les codes de genre. Dans la société de Hwaé, un 3eme genre existe dont les accords se termine par "ae". Là encore c'est fait avec intelligence (mais je n'en attendais pas moins d'Ann Leckie).

On notera qu'une romance lesbienne prend une petite place dans le livre et si elle n'est pas prépondérante, elle est là aussi très bien traitée.

Provenance est un roman intelligent, malin et prenant. Son intrigue est riche de nombreux éléments et personnages qui s'imbriquent pour offrir une histoire des plus passionnante. Comme souvent avec l'autrice c'est aussi l'occasion d'aborder des sujets de société, que ce soit par les expérimentations sur le genre ou bien les réflexions sur élément culturels spécifiques à certaines société et qui ne peuvent être compris que par ces sociétés. Parfois, il faut être né dans un endroit, avoir été imprégné de ces codes, de son histoires pour vraiment comprendre ce qui autrement nous apparaît uniquement comme ridicule ou absurde.