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House of X / Powers of X | Le renouveau de l'univers Mutant

House of X / Powers of X

House of X #1 -#6 / Powers of X #1 - #6
Scenario : Jonathan Hickman Dessins : Pepe Laraz et RB Silva Couleurs : Marte Garcia
VO : Marvel // 2019 VF : Panini // 2020. Dans les softcover House of X/Powers of X #& à #4


Pendant que vous dormez, le monde change

L'humanité se réveille un matin et cette fois ça y est, les mutants ont fait sécession. Adieu le rêve pacifique de Charles Xavier de cohabitation entre mutanité et humanité. Lassés de protéger un monde qui les hait et les craint, le Professeur X à déclarer la nation mutante sur l'ile de Krakoa. Et celle-ci est ouverte à tous, car pour trouver le salut, une seule solution, faire front commun, laisser derrière soi les inimités et se mettre définitivement en dehors de l'humanité. C'est ainsi que Magneto se retrouve au côté de Xavier, mais aussi Apocalypse, Sinistre et d'autres ennemis de longue date afin de créer une nation mutante unie.

C'est sur ce postulat de départ que démarre le dyptique HoX/PoX, un duo de mini série fonctionnant de concert et dont le but est de redéfinir l'univers X-Men. Et cela commence par la création de cette nation mutante, mais ne s'arrête pas là puisque tout au long des 12 chapitres de l'histoire, Hickman va bousculer violemment les certitudes du lecteurs.
D'abord, il va y avoir une RetCon (changement de continuité, modification d'un événement du passé ayant des répercussions sur la vision qu'on avait d'évènement déjà écrit en en changeant la perspective rétroactivement) dévastatrice, un changement radical sur un personnage établi qui vient bouleverser beaucoup de chose.
Il y a aussi ces aperçus de l'avenir, 100 ans dans le futur avec cette guerre raciale entre mutant, humains et machines, et puis 1000 ans plus tard cette civilisation mystérieuse qui court vers une ascension spirituelle et va atteindre une singularité inattendue.

Comme souvent avec Hickman, les pistes sont nombreuses, les échelles étirées au maximum, et le récit nous entraine dans des directions inattendus, dans des boucles et des circonvolutions complexes, denses, mais ici, jamais au détriment de la lisibilité de l'histoire qui reste d'une grande limpidité.

Plus qu'une bonne histoire de super-héros, Hickman propose ici un excellent comics de science-fiction. Il nous parle bien sûr mutation et évolution lors de ses explorations temporelles. Il aborde la notion d'humanité [mutanité ?] avec un concept de résurrection fascinant, et bien il aborde tout ce qui permets à une nation, une société de se créer. Les références culturelles commune, la langue, les rituels.  Et puis il parle aussi de nos société, de la manière dont les opprimé doivent prendre le pouvoir pour exister.

Vous avez de nouveaux Dieux maintenant

Xavier révait d'un monde où Mutant et Humains pourrait coexister pacifiquement. Ce monde n'est jamais advenu puisque les Mutants ont toujours subit les discrimination et la haine dans l'indifférence générale, une indifférence qui à souvent touché aussi les autres héros de l'univers Marvel. 

Quand la société ne veut plus t'intégrer, il ne reste qu'a trouver le moyen de maintenir la société à distance pour se créer un espace de liberté protégé. Et c'est ainsi que grâce aux ressources de Krakoa, Xavier obtient ce pouvoir, ce moyens de compter véritablement, pour renverser un rapport de force défavorable depuis le génocide mutant de Genosha.

Avec ce choix, Hickman s'inscrit dans une perspective très actuelle où les minorités opprimés sont contraintes à ce choix, à la création d'espace en dehors des normes pour pouvoir se retrouver et exister. Et il ne s'agit pas "d'essentialisme vociférant" comme le dise certains mais d'une nécessité de survie et d'une réaction face à un monde dont l'universalisme consiste en l'effacement de ce qui ne correspond pas à sa norme.
Les mutants ne s'extraient pas de la société parce qu'ils la refusent mais parce que celle-ci leur déni depuis des décennies le droit de vivre.

Impossible de parler de HoX/PoX sans aborder la somptueuse partie graphique. Que ce soit Pepe Laraz ou RB Silva, les planches sont sublimes. Leurs traits parfait, leurs composition aussi réussie sur les moments intimes que sur les plans plus épiques et grandioses. Et le tout est superbement mis en couleur par Mate Gracia.

Je n'ai pas honte de ce que je suis

Après plusieurs années en demi teinte, apportant son lot de bonnes histoires mais manquant parfois de vision à long terme, Jonathan Hickman prend les rênes de l'univers mutant avec comme à son habitude, des idées novatrices et un plan au long cours. Le résultat est riche, complexe, prenant et laisse entrevoir un schéma global qu'on ne fait ici qu'effleurer dans ce qui est une superbe et épique introduction.




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