Les royaumes immobiles, 1 : La princesse sans visage - Ariel Holz

L’individu n’est rien, l’auteur est tout. Ou pas ?




L’individu n’est rien, l’auteur est tout. Ou pas ?

« Quel est votre comportement envers des auteurices dont vous adorez les textes mais qui sont (ou étaient) vraiment pas cool dans la vraie vie ? Vous boycottez ou vous faites abstraction ? »
Suite à une série de Tweet de Lunatrix, qui gère la chaîne littéraire tête de litote, s’en est suivit sur le réseau du piaf de nombreux échanges et réflexions autour de cette question cruciale pour certains, peut-on faire la distinction entre l’œuvre et la personne ?
Si les échanges que nous avons se sont avérés constructifs et bienveillant ( une chose à laquelle je tiens même si ma nature de snobinard parisien lutte parfois ^^) il faut avouer que parfois c’est un peu compliqué d’argumenter, partager et développer un propos un peu long en fractionnement de 140 caractères. C’est pour cette raison que j’ai eu envie d’élargir mon point de vue à l’aide cet article.
Je vais ici me concentrer sur les livres et donc les auteurs et autrices parce que c’est ce domaine qui m’est plus familier.

En fait la question, c’est est-ce que consommer c’est cautionner ? Quand un auteur à des idées différentes des nôtres, quand il est plus ou moins ouvertement raciste, homophobe, mysogine, est-ce que lorsque que l’on va lire sa production on donne notre aval à ces idées ?
Et qu’en est-il de ceux en plus de revendiquer leurs point de vue, milite ? De ceux qui donne leur argent à des associations homophobes, racistes, etc. N’est-ce pas participer à la promulgation de ces idées que d’acheter, lire, parler de l’œuvre ?

Les auteurs morts
Baudelaire était mysogine, Lovecraft raciste, et si je connais peu le premier, si ce n’est de réputation, je suis beaucoup plus familier des écrits du second que j’estime énormément.
Lovecraft est un jalon important dans la littérature de genre, dans la fantasy et dans la SF, c’est indéniable et il possédait l’une des plumes les plus évocatrices qui soit, un style déjà daté pour son époque mais qui permet de s’évader dans le merveilleux, l’horreur, les contrés lointaines du rêve ou du cauchemar comme peu savent le faire.
Alors oui, parmi ces plus beaux écrit, on trouve des étrons ou transparaissent complètement ses idées nauséabondes.

Le truc, c’est qu’avec les auteurs morts, on à toujours la possibilité de remettre dans un contexte social, culturel, temporel, ou bien même d’avoir un appareil critique qui permet d’aborder l’œuvre avec une certaine distance. On sait à quoi s’attendre, on a accès à un décryptage et l’on peu se dire que l’on lit pour l’importance historique.
Je pense personnellement que c’est le cas le plus simple, puisqu’après tout,  on ne nourrira pas un salaud, et on ne contribuera pas à répandre ses idées.

Les auteurs vivants
Le cycle d’Ender d’Orson Scott Card est un monument de la SF. En tout cas pour ses deux premiers tomes que je trouve excellents (Je me suis arrêté au 3, ça commençait, je trouve, à décliner). C’est une œuvre pleine de sensibilité, une ode à la différence, une critique des medias et de la guerre, bref une œuvre qui m’est apparut comme assez humaniste et très empathique.
Et pourtant, elle est écrite par un homme ouvertement homophobe qui s’est publiquement exprimé en opposition au mariage des personnes de même sexe.
Est-ce que je vais arrêter pour autant de conseiller la lecture d’Ender ? Non. Car aucune de ces idées n’y transparaît. Bien au contraire.
Est-ce que je lirais d’autres œuvres de l’auteur maintenant que je connais ses idées ? Difficile question. Je ne m’en empêcherais pas consciemment en tout cas. Mais de là à dire que la vision que j’ai maintenant de l’auteur n’influera pas mes futurs choix…
En tout cas cela ne m’a pas empêché d’aller le voir en conférence, car quand il s’agit de littérature et de science-fiction, il a des choses à dire qui valent le coup.
Je pourrais aussi parler de Dan Simmons, dont j’ai adoré le magnifique cycle d’Hyperion qui est, là aussi, un jalon important dans la science-fiction. Depuis j’ai appris qu’il était un bon gros conservateur de droite radical, et que son traducteur français a décidé de cesser de travailler avec lui suite aux inanités qu’il sortait.
Est-ce que j’ai envie de financer leurs discours de haine, leur notoriété ? Non, c’est sûr. Est-ce que je veux pourtant que des gens lisent leurs œuvres, oui ! Mille fois oui car elles sont grandioses !

Les criminels
Il y a peu, un auteur que j’apprécie énormément à été condamné pour quelque chose de pas franchement reluisant. Je ne vais pas citer, c’est une histoire suffisamment triste et douloureuse, ceux qui savent, savent.
Suite à cette affaire, son éditeur à décider de rappeler et retirer du marché ses livres.
Il m’en reste à lire à la maison. Parce qu’ils sont excellent. Est-ce que je vais les lire rapidement ? Il va très certainement me falloir du temps et du recul. Vais-je les lire un jour ? Oui.
Déjà parce que je ne veux pas me priver de cette œuvre qui est de qualité. Et ensuite, parce qu’après tout, une fois condamné et sa peine purgée, n’aura-t-il pas payé sa dette à la société ?
Pourquoi envoie-t-on les gens en prison ? La punition peut-être, pour avoir brisé les règles de la société. La protection des autres individus pour lesquelles ils peuvent constituer un danger éventuellement je crois. Mais aussi pour les préparer à retourner dans la société il me semble.
Je n’ai bien sûr pas la naïveté de croire que notre système est juste, parfait ou idéal. Mais il me semble que les individus ont le droit au pardon. Évidemment, c’est parfois compliqué pour nous de l’accorder, de faire confiance ou d’accepter en fonction de notre vécu et sensibilités.

Mais alors que faire ?
Mais du coup que faire pour ces auteurs, ces êtres humains dont les idées ne nous plaisent pas et qui pourtant produisent, créent des choses merveilleuses ?
Il y a bien une chose dont je me méfie, c’est la « quête de pureté ». Chercher la perfection dans l’œuvre, l’individu derrière, dans ses idées, me pose problème.
Est-ce que je vais demander à mon boulanger ce qu’il pense du mariage pour tous ? Est-ce que j’arrêterais d’acheter son pain (qui est le seul mangeable à 25km à la ronde) si je savais que c’était un sale con ? Je ne sais pas trop.
Ce qui m’interroge en fait, c’est nous. Nous en tant que lecteur, quand nous refusons d’accepter que quelqu’un de « mauvais » puisse faire quelque chose de « bon ». N’est-ce pas après tout rien de plus qu’une position morale ? Sa légitimité n’est-elle pas douteuse donc ?
Je prends moi aussi parfois des positions morale, parce que j’estime qu’elles sont justes. Par exemple, ne plus retourner au Puy du Fou parce que le parc a financé une asso anti-ivg. Ou bien ne pas commander de livre sur Amazon (hormis de l’occasion à des vendeurs tiers).

Pour conclure, j’ai envie de faire un parallèle avec Severus Rogue. Parce qu’il est l’exemple parfait qu’une mauvaise personne peut faire de bonnes choses. Je pense que cela parlera à beaucoup de monde et permettra de nuancer un peu tout ça.
Au final, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises (situation) réponse je pense, en tout cas je n’en ai pas pour moi. Mais je pense tout de même qu’il peut être dommage de se priver de petites merveilles de littérature pour des raisons morale.

Commentaires

  1. Très bon article. Je me suis posée cette question justement il y a peu après avoir la biographie de Marion Zimmer Bradley qui a été mariée à un pédophile. C'est clair que ça refroidit franchement l envie de la lire. Je ne savais pas pour Dan Simmons. En tout cas c'est une question épineuse et ton article est clair. Je pense que j arrive à la même conclusion que toi.

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    1. Merci !
      C'est une question qui peut être en effet délicate parfois.

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  2. Intéressantes réflexions.

    Pour ma part, même si je peux reconnaître des qualités à une œuvre venant d'un odieux personnage, j'ai tout de même beaucoup de mal à continuer d'apprécier le travail d'une personne pour qui ma sympathie s'est envolée.
    Ce n'est pas volontaire, c'est automatique : les livres, films, etc d'un artiste que je n'aime pas / méprise / qui me dégoûte vont avoir une "aura" négative (pas au sens paranormal, hein ^^).
    Mais le "problème" c'est que l'impression que j'ai d'un artiste est le résultat de tas de paramètres que je ne maîtrise pas :
    - par exemple, je sais que Lovecraft était profondément raciste mais je ne sais pas, je n'arrive pas à lui en vouloir, il m'est toujours "sympathique".
    - à côté de ça, ça m'arrive de ne pas aimer un artiste, mais de ne plus me souvenir pourquoi : j'ai entendu un jour un entretien, lu un truc, mais je ne sais plus quoi et je n'ai plus en tête que le fait que Machin-Chouette est une sombre andouille. (Et ça m'embête parfois de ne plus savoir pourquoi Machin-Chouette ne mérite pas ma considération, surtout quand je veux l'expliquer à quelqu'un ^^.)

    Bref.
    Désolée, je me suis un peu étalée.

    Bon début de soirée :)

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    1. Ha mais pas de problème pour l'étalage, il y a de la place ! :D
      Merci pour ton retour en tout cas, c'est intéressant et ça montre à quel point c'est une question très personnelle :)

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  3. Pour ma part, je ne pense pas qu'il faut interdire ou pas les oeuvres de fachos ou autres engeances nauséabondes. C'est une question personnel.
    Pour moi, je ne sépare pas l'oeuvre de l'écrivain. L'analyse critique se sert de la biographie d'un auteur pour analyser l'oeuvre. Partant de là, si cela fonctionne pour les gentils, il ne doit pas en aller différemment des méchants. Quand j'entends qu'il faut séparer l'oeuvre du texte pour Lovecraft, Céline ou d'autres auteurs que tu cites, mais qu'il faut s'inspirer de la vie de Rimbaud pour analyser ses poésies. Quand on observe le remugle autour de l'édition de Mein Kampf, appareil critique, tout cela me fait doucement rigoler.
    Mais ce n'est que mon opinion personnel. Si certains savent faire la part des choses, grand bien leur fasse.
    Enfin, c'est jueste mon opinion personnel

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    1. Pour ce qui est d'interdire, je ne l'évoque pas, je parle vraiment du lecteur face à l'oeuvre et à son choix de lire ou pas. Mais quoi qu'il en soit, si un texte tombe sous le coup de la loi c'est une autre histoire.

      Concernant Mein Kampf, je pense qu'on s'éloigne de ce dont je parle ici. J'aurais peut être du le préciser mais je parle uniquement des oeuvres de fictions. Pour un livre comme celui-ci, soit on le lit par idéologie, (et là il y a un problème je pense) soit dans un but académique et c'est totalement différent à mon sens. La question ne se pose pas.

      Pour les autres dont tu parles, je suis d'accord, quand on fait une analyse critique il me parait indispensable de s’intéresser à la personne pour comprendre son œuvre. Mais c'est un sujet que je n'aborde pas vraiment puisque je prend l'angle du simple lecteur ^^

      En tout cas, merci pour ton point de vue, c'est intéressant :)

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  4. Parlons de Tu sais qui,je pense pouvoir lire ses livres, j'aime ce qu'il écrit. Mais deux choses : 1. je n'achèterai plus ses livres (pas question que je lui donne de l'argent) 2. Je ne le lirai jamais plus pareil (impossible de ne pas interpréter).
    Bisous !

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    1. Je comprends complètement ton point de vue !
      D'autant plus que c'est très proche et que ça touche particulièrement.
      Ce genre de chose est assez indélébile et c'est difficile d'en faire abstraction.

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  5. Je suis moins tranchée sur la question, à laquelle je n'ai pas encore trouvé de réponse personnelle (et ce n'est pas faute d'y avoir pensé, notamment en considérant les cas de Woody Allen et Roman Polanski, deux réalisateurs dont j'adore les films mais méprise la vie). Si l'oeuvre est bonne, elle n'est pas la seule bonne œuvre existant au monde après tout. Et si dans le cas d'un Lovecraft, il s'agit de textes importants car fondateurs, dans d'autres cas, on en est loin... Mais au-delà de ça, en ce qui concerne ce fameux auteurs dont tu parles (et quel fameux non-dit dans le milieu, je ne comprends pas pourquoi personne n'en parle ouvertement et j'avoue que ça me perturbe, ce silence), j'ai lu de cet auteur deux livres où des enfants/ados étaient abusés sexuellement, dont un comportant des passages sur la sexualité enfantine qui m'avaient mise mal à l'aise lors de leur lecture et qui, après coup, colorés de ce qui s'est passé, deviennent trop malsains à mes yeux pour que je puisse relire l'auteur un jour. Dans ce cas-là, l'oeuvre pourra être de qualité (et elle l'est, il était un de mes auteurs francophones préférés), je n'y toucherai plus. Et pourtant, à côté de ça, je continue à adorer La Neuvième porte et à aller voir les nouveaux films de Polanski. Parce que le dilemme est là mais qu'on traite chacun au cas par cas en fonction de nos valeurs esthétiques et morales. Je n'ai donc pas de réponses mais je peux dire sans hésitations que jamais je n'en voudrai à quelqu'un de ne pas lire un auteur parce qu'il ne peut pas se résoudre à le faire à cause de ce que l'auteur en question a pu faire dans sa vraie vie. Parce que chacun pose les limites où il peut ou veut et c'est son droit le plus stricte de vouloir vivre en accord avec ses principes. La culture est une belle chose mais elle n'est pas une obligation. La censure ne devrait pas de mise. Mais la critique de ceux qui veulent se détourner d'une oeuvre non plus. C'est tout ce que j'ai pu réussir à avoir comme conviction depuis la première fois que j'ai sérieusement réfléchi à la question, après la mort de Matie Trintignant. Je ne sais pas si ça apporte vraiment quelque chose au débat par contre...

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    1. Pour Woody allen, je ne connais pas tellement l'histoire. Pour Polansky, je trouve que le plus gros problème c'est son impunité :-/
      Concernant "celui dont je ne prononce pas le nom" ça a fait couler beaucoup d'encre numérique au moment des fait et je pense que ça a énormément choqué beaucoup de monde, moi le premier.
      Si je ne le cite pas c'est parce que je n'ai pas envie de donner plus de pub à cette affaire et cette personne, ça m' trop marqué.
      Je n'ai par contre jamais vu ce genre de choses dans ses écrits que j'ai lu et c'est clair que si je tombais dessus maintenant, je réagirais assez mal je pense :(
      "La culture est une belle chose mais elle n'est pas une obligation." C'est assez juste, et comme toi, je ne jetterai pas de cailloux à quelqu'un qui ne peu pas lire un auteur pour ces raisons.
      Merci pour ton point de vue très intéressant en tout cas :)

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    2. Woody Allen, c'est à propos de l'accusation de sa belle-fille qui a écrit une lettre ouverte aux participants du festival de Cannes pour parler des abus qu'elle a subi quand elle était enfant. Et, oui, l'immunité de Polanski est écoeurante.
      Pour Voldemort (quoi?), j'étais en retrait du milieu à l'époque où c'est arrivé, j'ai découvert ça complètement par hasard après coup, un an après je crois, et je suis tombée des nue. J'ai essayé de voir ce que les gens en disaient et rien, mais alors rien, à par quelques "ne jugez pas" qui me sont un peu restés en travers de la gorge je dois dire. Je t'enverrai les deux titres par MP pour voir si tu les as lus.

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    4. Cachou je me retrouve assez dans ce que tu dis, notamment la partie où chacun est libre de choisir s'il veut poursuivre ou pas la lecture / le visionnage des œuvres d'auteurs ayant commis des crimes (en gros il s'agit de cela).

      Ce qui me frappe c'est quand tu parles de Marie Trintignant. Je suis incapable d'écouter une nouvelle chanson de Bertrand Cantat et pourtant quand j'entends Noir désir (période avant la mort de Marie) j'ai toujours autant de plaisir à écouter la musique et les paroles... Mais jamais sans une pensée pour Marie Trintignant. C'est devenu indissociable pour moi. Du coup je pense que c'est pareil pour toi !

      Pour Jérôme Noirez, puisque j'en ai marre de ne pas le citer, quand j'ai moi-même dit sur FB que je ne souhaitais plus le lire suite à la révélation de son procès et sa condamnation, je me suis pris une volée de bois vert par divers auteurs du milieu SF. Quand j'ai dit qu'il était pédophile on m'a dit que j'allais trop loin, alors même qu'il a été condamné pour détention de milliers de fichiers de pédopornographie, et que quand on regarde voire filme soi-même ce genre de chose, on est par définition un pédophile (il suffit d'ouvrir un dico pour s'en rendre compte). Comme toi, le "ne jugez pas" m'a extrêmement choquée ! A vrai dire il a été jugé et reconnu coupable ! Alors le lire, ne pas le lire, c'est un choix personnel, libre à chacun de faire ce qu'il veut. Mais on ne peut pas nier ce qu'il a fait, et le petit monde de la SF ne peut pas le nier non plus.

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    5. Tu me soulages en disant ça parce que j'ai aussi été étonnée par les réactions protectrices envers lui et puis voilà, le silence. Et ce qui me perturbe encore plus, c'est de comprendre différemment certaines choses dans ses livres. Et pareil pour Noir désir. C'est un groupe que j'ai adoré ado. J'écoute encore avec plaisir leurs chansons quand elles passent à la radio mais la chose me revient immanquablement à l'esprit...

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    6. Je n'avais pas vu passer toutes ces réactions de défenses. Mais oui, c'est un pédophile, c'est indéniable.
      Certaines personnes ont du mal à comprendre que pédophile, c'est juste le nom de la pathologie et que ça ne fait pas forcément de ces personnes des violeurs.
      Le problème c'est quand ces personnes ne sont pas suivis ou traités et que la pathologie fait dériver vers des comportements criminels.

      Ce qui est compliqué c'est que dès que le mot est prononcé, tout le monde à envie de les mettre au bucher, ce qui ne facilite pas les démarches pour trouver de l'aide. Mais bon si les gens étaient rationnels ça se saurait ^^

      Pour Cantat, je continue aussi d'écouter d'ancien morceaux de Noir Désir, mais pas ses nouvelles productions, et je n'irais jamais le voir en concert.
      Mais du coup, ça m'interroge pas mal, parce qu'il a été condamné et il a purgé sa peine. du coup n'a-t-il pas "payé sa dette" ?
      J'avoue que je ne sais pas trop quoi penser parce que son cas s'inscrit dans le cadre de violences conjugales, des pires aspect du patriarcat et à été traité misérablement d'un point de vue médiatique (comme tous les cas de violences faites aux femmes...), et ça continue d'ailleurs avec je ne sais plus quel torchon people qui allait jusqu'à romantiser son acte >:(

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  6. Alors là, je pense que c'est totalement du ressort des sensibilités personnelles et de la tolérance par rapport aux intolérances.
    Je vais reprendre tes exemples.

    Baudelaire, un personnage sulfureux et excessif, torturé et poéte de génie. Jamais il n'a eu une vie bien rangée, et tout est un reflet de l'ensemble de ses excès. Je le lis volontiers, et apprécie ce qui se dégage de ses textes. Pourtant je n'admire pas l'homme.

    Pour Lovecraft, c'est bien plus délicat personnellement. Autant je reconnais son impact sur la littérature de l'imaginaire, autant je ne peux oublier les nombreux textes racistes
    (When, long ago, the gods created Earth
    (...)
    A beast they wrought, in semi-human figure,
    Filled it with vice, and called the thing a Nigger.)
    ou antisémite ou ses sympathies pour le nazisme. Même si le contexte social peut expliquer certains penchants, l'ensemble de la population n'y participait pas. Rt pour son cas, il cumule quand même pas mal.

    Pour Simmons, c'est un autre histoire. Les idées politiques ou certaines idées de l’évolution de la société des auteurs ne correspondent pas aux miennes, je ne vais pas le boycotter pour autant. Il en va de même avec OSC. Leurs écrits (lus) sont plutôt excellents et dénués de ces "idées malsaines".

    D'ailleurs pour rajouter mes 2 sous, j'évite de qualifier les idées des autres de nauséabondes (là on ne parle pas de génocide, ni d'extermination de population ou autre acte/position indéfendable), car qui suis-je pour fixer les limites des bonnes idées et des mauvaises idées? Ou se trouve le bon curseur ? Comment séparer le bon grain de l'ivraie ?

    Certes, c'est facile pour moi, car je ne suis pas tombée sur des interviews ou autres propos de nature "dérangeantes" dans leur cas, je n'ai lu que leurs romans (monuments de la SF par ailleurs). Et,il y a tout ceux dont on ne connait pas (encore) les "manquements" aux critères de la vertu, mais que nous lisons et continuons à lire.

    Du coup, à moins d'être vraiment personnellement gênée par un auteur ou le contenu des écrits, je ne m’appesantis pas trop la-dessus, surtout qu'un mot de travers peut très vite dégénérer et donner une image biaisée.

    Et comme toi je finis par me poser la question où doit commencer dans ce cas la chasse ou doit-elle terminer ? Je me demande pas ce que pense mon boulanger, son pain est excellent, et je sais tout juste la tête qu'il a.

    J'espère que je ne me suis pas trop mélanger les pinceaux et n'ai pas dit le contraire de ce que je souhaitais (cela m'arrive parfois)

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    1. Merci pour ton retour ! :)
      Pour ce qui est idées nauséabondes, je fais références par exemple à l'homophobie revendiqué d'Orson Scott Card.
      Pour les auteurs morts depuis longtemps j'ai plus de facilité à ignorer leurs saletés et puis je fais le tri. J'adore Lovecraft mais je balaye sous le tapis ses écrits ouvertement racistes. Par contre je me pâme devant certains textes tellement leur beauté me touche.

      Pour les vivants, c'est parfois plus difficile en fonction de ma sensibilité, et de critère tellement vagues, divers et arbitraire que... bon.

      Pour ce qui est de la "chasse", il y d'un côté ce qui relève de la légalité (sachant bien que la loi change, évolue, etc.) et puis il y a le reste qui touche à notre moralité, notre seuil de tolérance. C'est compliqué en tout cas pour qui s'intéresse un peu aux humains derrière le papier :)

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  7. Au global je suis d'accord avec toi.
    Je pense assez facilement passer au-dessus de ce genre de choses, tant qu'on ne m'impose pas l'être humain. Comme par exemple la nomination de Polanski à la présidence des Césars, ça m'avait hérissé le poil, j'avais pris ça pour un manque de respect total de la part des organisateurs.
    Pour l'auteur dont on ne doit pas prononcer le nom, c'est plus délicat, car plus proche. Je n'ai lu qu'une nouvelle de lui, donc c'est facile pour moi de ne pas me poser la question est-ce que je vais lire autre chose de lui ou pas... Il y a tellement de livres à lire. Mais je ferme pas la porte complètement.
    Après je suis pas d'accord avec Cachou sur le fait qu'on n'a pas parlé de cette histoire. Personnellement j'ai vu des posts Facebook, un post Twitter (qui n'était pas nominatif si je me souviens bien mais c'était pas hyper compliqué de remonter la piste). ActuSF S'est aussi fendu d'une actu, qu'ils ont bien heureusement coupé aux commentaires. Suffit de voir les commentaires rageux sous certains articles de presse pour comprendre qu'ils n'avaient pas envie de gérer du plus sordide. Livrehebdo en a parlé aussi. Et quand on tape le nom de l'auteur dans Google en première page on tombe sur différents articles qui en parlent. C'est indiqué sur sa page Wikipedia. N'importe qui qui cherche des infos sur lui tombera là-dessus.
    Alors on fait quoi ? Un powow où on recondamne le gars ? Non quoi. Ça reste un fait divers, désolée, même si le sujet est ce qu'il est. Et si je l'avais connu personnellement j'aurais clairement pas eu envie d'en parler publiquement.

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    1. C'est parce que tu as vu les infos et tu sais où regarder, que tu étais dans le milieu à ce moment-là (moi je ne lisais plus trop ce qui se disait, j'étais totalement plongée dans la bibli et avait laissé de côté la SF depuis un petit bout de temps). De ce fait, tu as pu témoigner de tout ça. Moi je suis tombée complètement par hasard dessus un jour où je regardais s'il y avais de nouvelles sorties de cet auteur chez son éditeur jeunesse parce que l'un de ses livres avait bien plu à un de mes lecteurs. Je n'ai pas compris le truc, je suis tombée sur un message disant que ses livres étaient retirés de chez son éditeur jeunesse. Au début, je n'ai pas compris ni pourquoi ni comment, je suis allée dans les endroits où je vais habituellement pour ce genre d'infos, les forums d'ActuSF et du Bélial, et là rien du tout. J'ai cru que c'était une mauvaise blague. J'ai mis les mauvais mots clés sur Google au début parce que je ne savais pas ce que je cherchais, et je ne trouvais pas. Puis j'ai juste mis le nom et là, oui, je suis tombée sur la news d'ActuSF et un article de journal plus l'article de Livre Hebdo bloqué pour les non-abonnés. Et c'est tout. Je me retrouvais à lire qu'un de mes auteurs préférés était en prison, pour un des seuls trucs que je n'arriverai pas à pardonner en plus. J'avais franchement besoin d'en parler avec quelqu'un du milieu, j'ai recherché plus en profondeur, suis tombée sur deux messages de soutien (je ne sais même plus de qui, mais je me souviens que j'avais été un peu choquée de lire que je n'avais pas vraiment le droit d'être bouleversée comme je l'étais par l'info et d'avoir envie d'arrêter de lire l'auteur à cause de ça) et rien d'autre. Je n'étais plus assez dans le milieu pour en parler à quelqu'un connaissant l'auteur et donc tout ce que j'avais à me mettre sous la dent, c'était quelques annonces de deux lignes, quelques messages de soutien et rien d'autre. Alors, oui, toi, tu as peut-être pu voir tout ça et comprendre, voir que certains étaient écœurés ou partageaient en tout cas ton étonnement. Moi j'ai eu l'impression d'être injuste en ayant envie de revendre ses livres (ce que j'ai fait depuis parce que je ne pouvais plus les avoir) et je n'ai pas pu discuter avec quelqu'un du fait qu'un de mes auteurs francophones préférés (je n'exagère pas en disant ça, j'aime beaucoup son style, j'ai lu plusieurs de ses livres et j'ai partagé plusieurs fois mon amour pour ceux-ci sur le blog) n'avait peut-être pas écrit par hasard une relecture du mythe d'Alice dans lequel il explique que les gosses ont une sexualité et qu'il ne faut pas la leur nier et une autre relecture d'un livre de Sade dans lequel de jeunes ados sont kidnappés, torturés et abusés sexuellement. Je sais, ça ne me regarde pas, c'est sa vie, pas la mienne. Et je ne voulais pas taper sur son dos. J'avais juste envie de savoir si ma réaction était "normale", exagérée ou partagée par d'autres. Parce que le milieu SFFF français est très spécial, il est si petit qu'on se connaît un peu tous et que les auteurs deviennent un peu plus que ces figures éloignées qui ont fait des livres bien mais qu'on ne côtoiera jamais. Donc si on peut s'émouvoir plus que mesure sur leur mort ou leur maladie, il est normal qu'on s'émeuve aussi fortement d'un fait divers pareil et qu'on ressente aussi le besoin d'en parler, non? Je me sens toujours aussi perturbée par ce fait divers-là et je suis toujours autant frustrée de ne pas avoir pu en discuter ou de ne pas pouvoir le faire maintenant...

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    2. Hello Cachou,

      Je ne vois ton message que maintenant, je suis désolée. Je te réponds en privé.

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  8. Très intéressante comme discussion, et effectivement il n'y a pas de bonne réponse. Pour ma part je sais que ça dépend du contexte (effectivement avec un auteur mort, c'est pas la même chose) et surtout de si on peut différencier l'auteur et l’œuvre.

    Typiquement sur Dan Simmons, je ne regretterais jamais d'avoir lu Hypérion et je n'hésiterais pas à le recommander. Mais son roman Flashback par contre, on sentait tellement que quand le héros parlait, c'était toute l'idéologie de l'auteur qui se déversait (idéologie avec laquelle je suis en désaccord) que j'ai détesté. J'ai eu le même problème avec Goodkind d'ailleurs...

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    1. Oui, c'est au final très individuel. Pour Dan Simmons, je n'ai rien lu d'autre du coup et n'ai pas particulièrement envie de lire autre chose, je ne sais pas à quel point c'est influencé par ce que je sais de lui :-/

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  9. Je lis cet article avec beaucoup de retard.... comme d'autres, pour les auteurs mort, les choses sont différentes. Lovecraft est né à une époque où il était normal d'être raciste, tout comme les idées de Céline vont avec leur époque. Pour les vivants, j'ai tendance à ne pas vraiment m'en soucier en choisissant ma lecture, et à découvrir des opinions après coup. Quand ça ne transparaît pas trop dans le récit, j'arrive à en faire abstraction.

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