Sur la PàL - Février 2024

Naruto | Marathon de lecture - Bilan


Voici le bilan de mon marathon de lecture Naruto. Le sommaire se trouve sur le post d'Intro.

Si vous vous rappelez, l'année dernière, j'ai décidé de profiter de la fin de la saga pour me lire l'intégrale des Naruto que je n'avais jusqu'ici découvert qu'en anime. Un anime plein de qualité mais qui malheureusement m'a lassé pour cause de trop gros delayage et d'épisodes sans rapport avec l'intrigue principale.
J'étais bien parti, publiant un billet tout les 5 volumes, quand soudain, paf, c'est l'accident bête, je fais une pause après le tome 35 ! résultat, il s'est passé presque un an avant que je me dise "tient, si je terminais".
Bon du coup, j'ai repris mi-mars et je me suis enfilé les tomes 36 à 72 en une 15aine de jours. Du coup, autant dire que je ne vais pas faire de billets par tranche de 5, haha, nope. Je vais tâcher de faire une petite bafouille pour faire le bilan de la série.
Si j'ai globalement apprécié ma lecture de la série, il faut avouer qu'à la fin j'ai atteins l'overdose d'action.

L'histoire construite par l'auteur progresse vers une guerre titanesque qui doit décider du futur de tout le monde des Shinobis. Une guerre qui résulte des fautes du passé et des erreurs des anciens qui ont crée un monde de rancœur, de mensonges, de souffrances et de vengeances interminables. C’est à la jeune génération d'assumer ces fautes et de tâcher d'y apporter du changement. Et Naruto, fidèle à sa parole et à son rêve de devenir le plus grand Hokage sera l'artisan de ce changement, son catalyseur, et rassemblera autours de lui toutes les bonnes volontés, éveillant par sa nature l'envie de se racheter chez nombres des fautifs.

Le personnage de Naruto, entre naïveté et candeur réussi à être attachant jusqu'au bout. Il incarne à la perfection la figure héroïque inspirante, possède une volonté à toute épreuve et peut bien sûr compter sur le soutient sans faille des ses amis dont le nombre n'a cessé de grandir au fil des tomes.
Et tout son cheminement, de jeune turbulent solitaire jusqu'à son statut de semi légende est vraiment réussi. S’il gagne en sérieux à mesure que l'histoire progresse, il ne se départira jamais de son caractère farceur et gaffeur qui permet de continuer à l'humaniser malgré la puissance incommensurable qui devient sienne.

Avec la puissance incommensurable, on touche par contre l'un des gros points négatifs de la série. Si au début, voir les différents personnages gagner en puissance, en expérience et apprendre de nouvelles techniques possède une certaine logique, voir un charme indéniable inhérent au genre, vers la fin, la surenchère fatigue. Une surenchère qui s'exprime au niveau des personnages, mais aussi dans les rebondissements de l'intrigue.
Il y a toujours un personnage plus fort, plus puissant, plus méchant, plus destructeur qui arrive, et pour le vaincre, nos héros vont sortir la technique de plus, puiser plus profond dans leurs réserves d'énergie, éveiller un pouvoir inconnus, bref, en faire toujours plus.
Voir trois fois de suite un vilain sortir de l’ombre et clamer qu’en fait c’était lui le méchant derrière tout ça qui tirait les ficelles m’a je l’avoue, un peu lassé :-/

On notera aussi le recours à de nombreux deus ex machina, ainsi qu’un manque flagrant de vraisemblance dans la manière de fonctionner de la magie de ce monde (Oui, il s’agit de techniques ninjas, blablabla, mais on peut très bien considérer l’œuvre comme de la fantasy et les techniques comme un système de magie). Quand des soi-disant techniques secrètes interdite (*touss touss* Edo tensei *touss touss*) sont utilisés en masse, ça perd un peu de son charme je dois dire.

Au final, à trop vouloir faire dans l’épique, l’apocalyptique et le titanesque, ça en devient presque ridicule. Et c’est un peu dommage car tout n’est pas à jeter. Si le système de magie manque d’une certaine cohérence dans ses limites et sa montée en puissance, il fonctionne tout de même sur d’autres points et s’avère assez original et intéressant. L’univers développé par l’auteur est aussi passionnant, et assez inventif, même s’il montre ses limites quand il s’attarde sur la politique des pays.
Côté personnage, c’est souvent réussi aussi, avec des personnages secondaires variés ayant chacun des histoires personnelles travaillés, des luttes et des traumas.
Mais, on arrive sur un autre problème, qui encore une fois est inhérent au genre, et il concerne les personnages féminins. Il est surprenant de constater que ceux-ci sont assez nombreux, et mis en avant dès le début, puisque notre trio de héros comprend la jeune Sakura.

Alors que la série avance, on en découvre d’autres, et il se trouve même à un moment une femme pour accéder au titre suprême de Hokage et diriger toute notre petite bande.
Et pourtant… quasiment toutes les femmes de ce manga sont quasi exclusivement définies par les hommes autours desquels elles gravitent (Sakura est amoureuse de Sasuke et Ino aussi. Hinata dans un premier temps est vue comme la princesse d’une famille à protéger, puis devient le soutien indéfectible de Naruto n’ayant d’autre but que de l’aider à réaliser son rêve.).
Concernant leur rôle de ninja, celui-ci consiste la plupart du temps en un rôle de support, de soutien, de soigneur, jamais ou presque de combattante à part entière capable de se débrouiller seule, et rarement mise en avant.

Quand à Tsunade, la femme qui accède au poste suprême, elle est médecin, traumatisé par la perte de son jeune frère et de son amour, compte sur un garçon de 12 ans pour devenir un jour le meilleur Hokage, et se trouve être la dirigeante la plus remise en question par les vieux conseillers. En plus de ça, elle est extrêmement préoccupé par son apparence, à tel point que, alors qu'elle est âgée, elle utilise sa puissance pour conserver une apparence jeune. Une apparence qui s'estompe quand elle doit se battre trop longtemps. Sauf qu'on ne verra jamais son visage vieillit, caché par des artifices d'auteur (une bulle de texte ou une plante) lorsqu'il apparaît...

En gros, c'est l'illustration parfaite de « la permanence dans le changement » dont parlait Bourdieu dans La Domination Masculine.
Il y a plus de femmes visibles, et si on regarde en surface, elles ont des rôles d'actions, voir de dirigeantes. Sauf qu'en allant dans le détail, on remarque que la différenciation genré se retrouve encore et toujours, et que les femmes sont en permanence réduite à leur féminité.

Mon dernier regret concernera la manque de prise de risque de l'auteur concernant le destin final de certains personnages. C'est une guerre et la quasi totalité des héros s'en sort. Les pertes sont rare voir légère et encore une fois c'est un autre des défauts du genre. C'est dommage.

La plupart des défauts cité sont inhérent au genre Shonen qui est très codifié, mais ils ne doivent pas non plus occulter le fait qu'on a ici une œuvre qui vaut le coup d'être lue pour peut qu'on s'intéresse au genre. J'ai vraiment apprécié ma lecture, mais il était tout de même temps que cela se termine, 72 tomes, c'était probablement un peu long pour tout ce qu'avait à dire l'auteur. Mais bon, ayant découvert la saga en 2004, ça fait quand-même quelque chose d'arriver au bout 13 ans après !

Commentaires

  1. Ce type de manga ne m'intéresse absolument pas mais je salue la performance : 36 tomes en 15 jours O_O Ta PàL a dû être contente :D

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    1. Ha oui, je comprend, c'est forcément ce qu'il y a de plus intéressant, mais j'ai été élevé au Dragonball et autres, du coup j'aime toujours ce style :D

      36 en 15 jours c'était pas mal oui, par contre, la pàl s'en moque puisqu'ils n'en faisait pas partis... T_T

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  2. 36 tomes en 15 jours, j'avoue, j'applaudis la prouesse (je me sens petite joueuse avec mes relectures de FMA qui me prenne trois/quatre semaines :D)
    Bon, Naruto j'ai abandonné juste avant Shippuden et je ne compte pas reprendre parce que dès que ça frôle la surenchère ça m'ennuie, mais j'ai beaucoup aimé la fin de ton article sur "la permanence dans le changement", et tu m'as donné envie de lire le livre de Bourdieu :) (d'ailleurs ça fait aussi une éternité que je voulais voir le film)

    Ce que j'adore, c'est que cette "surprésence féminine" (même pas la parité en fait *kof kof*) est en plus extrêmement décriée chez le public masculin. Donc les hommes râlent parce qu'ils ne s'identifient pas à ces meufs qui polluent leurs trucs pleins de testostérone, et les femmes sont pas plus contentes parce que les rôles proposés sont nazes. C'est à se demander si quelqu'un trouve cette initiative sympathique...

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    1. Haha, il faut dire que j'ai du temps, et que malgré tout, c'était prenant 0_0
      Tu as eu raison d'arrêter juste avant shippuden, c'est vraiment la meilleure partie.

      Le livre de Bourdieu est passionnant, mais il faut s'accrocher, parce qu'il n'est pas toujours super accessible. C'est parfois plein de jargon sociologique, et je t'avoue qu'il y a des passages que j'ai lu et relu plusieurs fois sans rien biter XD
      Mais bon, j'en ai quand-même retiré quelque chose et ça vaut vraiment le coup :)

      Le film "la domination masculine" n'a par contre rien à voir avec son bouquin mais il est assez intéressant :)

      Mais oui, tu as complètement raison, ils font ça tellement mal que c'est vraiment pénible. J'ai d'ailleurs regardé les 5/6 premiers épisodes de Boruto, et c'est pareil mais en pire je crois bien. Avec le point culminant dans un épisode assez navrant qui voit s'affronter garçon et filles de la classe :-/

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  3. Ah, Naruto, j'ai du faire à peu près comme toi, lire jusqu'au ... 35 ou 36, faire une pause, et m'y remettre des mois après. J'aime beaucoup ton analyse qui rejoint ce que je pense un peu partout !
    A la fin j'étais pareil, qui donc va sortir du chapeau ensuite ? Untel derrière toi, mais derrière untel ya encore un autre, et derrière l'autre, et derrière, etc... Olala, à un moment c'est d'un chiant, en plus au final c'est à se demander qui fait vraiment quoi, qui a vraiment eu l'idée de, etc.
    Et de même pour les super techniques de la mort, qui ne tuent quasiment pas,et puis surenchère sur surenchère à la fin effectivement. (MAIS j'adore quand même malgré ça !)

    ET... Les femmes... *Soupir* Les femmes... Je suis une femme, donc j'aime avoir des héroines qui me parlent, et là, olala quoi. Sakura me soule quasiment tout du long, à pleurer tout le temps, à s'évanouir, à penser qu'à Sasuke. Ca suffit au bout d'un moment zut ! Et Hinata... Bon... Dans les épisodes hors séries de l'anime, quand ils vont chercher l'insecte là, elle se débrouille, sinon elle sert pas à grand chose ce qui est dommage.

    Sinon bon, malgré les défauts dont tu as parlé, j'adore quand même Naruto (mais, évidemment, aimer une oeuvre ne doit pas nous empêcher de voir les petits points noirs de celle ci).

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    1. Merci pour ton commentaire ! :)

      Moi aussi, malgré tout les défauts que je cite j'aime beaucoup cette œuvre. Il y a des tas de bonnes choses dedans :)

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