Lombres - China Méville

Lombres - China Miéville

Au Diable Vauvert // 2009 (vo 2007) // 637pages

En une petite dizaine d’années, 7 livres publiés (dont 5 en France) et une douzaine de prix (oui, presque 2 par livres de moyenne, pas mal…) on peut dire que China Mièville est un auteur qui compte, voire le prodige de la Fantasy. Un genre qu'il a su renouveler en l'amenant sur des terrains encore inexplorés et qui sortent des canons habituels. Son imagination débordante et sa très grande inventivité, il la met cette fois au service des plus jeunes, avec Lombres, dernier roman paru en France et première incursion en littérature jeunesse pour China Miéville. 

Zana et Deeba, deux jeunes Londoniennes de 12 ans sont les meilleures amies du monde. Leur univers commence à devenir mystérieux lorsque des signes bizarres se mettent sur leur chemin. Entre un renard trop curieux et un parapluie indiscret, il n’en faut pas plus pour que bientôt elles se retrouvent à quitter Londres pour découvrir sa jumelle loufoque, Lombres.

Au fil de leurs pérégrinations, elles vont se faire des amis tous plus étranges les uns que les autres, mais surtout découvrir une terrible menace qui pèse sur les deux villes ; le terrible Smog, créature informe faite de brouillard nauséabond dont une prophétie annonce le retour et la défaite.

Oui, mais que faire quand une prophétie est bidon, quand les choses ne se passent pas comme il est écrit et quand tout va de travers ?

Si le roman commence doucement, prenant le temps de bien nous présenter les deux jeunes protagonistes, on ne s'ennuie pas un instant et l’on très vite happé par la magie et l'incongruité de Lombres. Nous entrainant dans une sorte de quête assez classique (un mal terrible menace la Ville, à nos héroïnes de le vaincre), le roman va brusquement changer de direction, surprenant et amusant le lecteur. Le talent stylistique de China Miéville n’est plus à démontrer et il se livre ici à de nombreuses créations autour des mots qui sont souvent hilarantes. Bravo au traducteur d’ailleurs qui a su retranscrire les jeux de mots subtils qui émaillent le roman.

Sur fond de menace écologique, China Miéville livre un excellent roman jeunesse, qui va lorgner du côté de Narnia et Alice au Pays des Merveilles sans les copier. Il s'empare de nombreux codes de la fantasy tel que la destinée ou les prophéties et les démonte pour mieux s'en resservir à sa manière, avec humour et originalité. Une très bonne lecture qui montre que China Miéville est un auteur vraiment bon et qu’il n’a aucun problème à adapter son style au lectorat qu’il vise.

C'est un constructeur de monde doué et s’il met ici ce talent à portée des plus jeunes, son roman n'est pas pour autant enfantin. Merveilleux et enchanteur, il saura aussi plaire aux grands qui veulent se laisser prendre au jeu.

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